LA DIFFERANCE DU LIEU

2012-2013

Film-photographique co-réalisé avec Clément Parise (Durée : 11’)

 

 

Diffusions :

- Kino-Ciné, Journée de courts-métrages - Lille (59), mai 2013

- Festival de l'Amitié, ciné-débat - Berlancourt (60), juin 2013

 

 

 

Le mot "différance" est empruntée à la philosophie de Jacques Derrida, qui associe les deux sens de "différer" : être dissemblable, différencier (l'écart matériel, spatial) et remettre à plus tard, ajourner (l'écart temporel). Le terme souligne ainsi le dynamique, l’évolutif ; et désigne aussi le décalage entre un mot et son référent, un signe et son signifié. Mouvement constant, processus toujours à l’œuvre, cet écart est producteur de différences : dérivant incessamment de lieux en lieux, de significations en significations, il en crée par la même occasion.

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Déclinant librement le terme sous un aspect géographique, La Différance du Lieu évoque l’expérience du territoire vécu, par ce prisme du décalage. Non pas un décalage en tant que rupture, manque ou vide, mais un décalage créateur, fécond : un décalage constitutif du lieu lui-même.

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Le dispositif du film illustre un tel écart par l’expression différée du visuel et du sonore. Une lecture dialectique s’instaure : le son donne la profondeur que la photographie n’aura jamais ; l’image fixe le paysage auditif. Le décalage au centre du dispositif renvoie alors au décalage du territoire vécu : le lieu ne se construit que dans l’échange incessant entre le passage qui le marque, le compose et le transforme incessamment et les traces qu'il en retient, qu'il fixe.

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​Ainsi, les environnements sonores et visuels se croisent en une concordance spatiale et une discordance temporelle fécondes.

A l’image de ce territoire de passage, imbriquant l'histoire, l'humain et les choses, tissant cette épaisseur, cette aura mouvante, fuyante, qui fait de l'espace un lieu.

 

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"La trace est l’apparition d’une proximité, quelque lointain que puisse être ce qui l’a laissée.

           L’aura est l’apparition d’un lointain, quelque proche que puisse être ce qui l’évoque.

Avec la trace, nous nous emparons de la chose ;

Avec l'aura, c'est elle qui s'empare de nous."

Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle - Le livre des passages

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